PREMIÈRE MOITIÉ DU XVI° SIÈCLE                    155
L'Histoire de Suzanne, en cinq pièces, appartenant à M. Paul Marmottan, de Paris, est contemporaine des tapisseries de Cluny, et par conséquent du règne de Louis XII. Si ces pièces sont d'une exécution moins riche que l'Histoire de Bethsabée, sans fils d'or ou d'argent, elles offrent un état de conservation remarquable. Les bleus et les rouges, qui constituent le fond de la coloration, ont gardé tout leur éclat. Nous avons déjà parlé des légendes qui se retrouvent sur les toiles peintes de Reims.
Nous n'avons pas le loisir d'insister comme il conviendrait sur les admirables productions de cette époque féconde entre toutes. Nous ne pouvons cependant nous résigner à passer entièrement sous silence certaines séries précieuses à différents titres. Telles sont notamment les tapisseries conservées au Louvre ou dans des collections particulières, comme celles de sir Richard Wallace, du ba­ron dTIunolstetn, de M. Spitzer et de M. Lowengard. Nous arrive­rons ensuite à l'histoire de ces fameux ateliers bruxellois dont la pro­digieuse activité a enrichi les collections publiques de l'Europe entière.
Le musée du Louvre possède une série de tentures du xv0 et du xvi0 siècle fort peu connues des visiteurs, et pour cause. Ce­pendant le catalogue de cette collection a été imprimé par M. Léon de Laborde, à Ia suite de sa Notice des émaux. II ne comprend pas moins d'une vingtaine de pièces; mais quelques-unes seulement sont mises sous les yeux des visiteurs.
Nous donnons ici, d'après l'ouvrage d'Achille Jubinal, la repro­duction d'un fragment de la légende de SaintQuentin, grande frise de trois mètres trente centimètres de haut sur huit mètres envi­ron de long. C'est un remarquable spécimen de la fabrication française du commencement du xvic siècle. Les épisodes de l'his­toire du larron sauvé par l'intervention miraculeuse de saint Quen­tin se succèdent sur la même bande enfermée dans une élégante bordure de pampre et d'ornements réguliers. Cette pièce, comme plusieurs autres du Louvre, provient de la collection Révoil.
ll est regrettable que les richesses de nos musées ne soient pas plus accessibles au public et aux travailleurs. Les échan­tillons que possède notre grande collection nationale suffiraient amplement, il nous semble, à donner un aperçu de l'histoire de la tapisserie vers ses débuts, si on prenait le parti de les exposer.
A Une époque quelque peu antérieure remonte la tenture des Vices et des Vertus, conservée au chàteau de Cany, situé dans les